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des poypes

sur l’enceinte. Mais ce qui vient grandement à l’appui de notre sentiment, ce qui le change même en certitude, c’est le texte de certains actes des Xe, XIe, XIIe, et XIIIe siècle où, dans les échanges, achats et ventes du terrain et des fiefs, on spécifie qu’on vend tel et tel château avec sa poype.

Ainsi, en 1271, Humbert, sire de Villars, reconnut tenir en fief d’Isabelle de Beaujeu le château de Monthieu et sa poype y attenante.

Mais pourquoi les châteaux de notre contrée sont-ils accompagnés de ces poypes ou éminences, tandis que ceux des autres contrées en sont dépourvus[1] ? Il faut en chercher la cause dans la situation et la nature des lieux. La Bresse et les Dombes présentent un terrain plat et légèrement ondulé. Au moyen-âge, il était couvert de taillis et d’épaisses forêts ; dans ces guerres particulières de seigneur à seigneur, qu’entretenait le régime féodal, l’ennemi pouvait, à l’abri des bois touffus, s’approcher des murs des châteaux et les surprendre ; il fallait donc près de chacun un lieu élevé d’où quelque sentinelle pût donner du cor et avertir de l’approche de l’ennemi. Au lieu que les autres provinces offrant un terrain moins plat et plus montagneux, chaque seigneur pouvait placer son château au haut des collines ou sur la pointe des rochers. De là on pouvait découvrir au loin l’arrivée de l’ennemi et préparer sa défense.

Lacurne de Sainte-Palaye, dans ses Mémoires sur la chevalerie, cite un fait qui autorise grandement notre opinion.

  1. Les autres provinces n’en sont pas tout-à-fait dépourvues. Ainsi, près de Cosne en Nivernois, sur les bords de la Loire, j’ai retrouvé une de ces poypes de défense : j’en ai trouvé une aussi à Soulvache, entre Château-Brient et Vitré en Bretagne : elle est même surmontée d’une tour. Au château de Cambridge, près de la cathédrale d’Ely et dans d’autres lieux d’Angleterre, vous voyez de ces poypes élevés dans le même dessein de servir de défense et de poste d’observation.