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mémoire sur l’atlantide

prouvera le contraire ? D’abord, l’histoire des Atlantes, entourée de probabilités si grandes, malgré le nuage des siècles ; ensuite un fait remarquable que cite Boisgelin dans son Histoire de Malte, fait qui montre que cette île était habitée par un peuple civilisé, au temps de la catastrophe qui en anéantit une partie, ou la sépara du continent, « À un mille du Bosquet (maison de campagne du grand-maître), du côté le plus voisin de la mer, est une élévation assez considérable. De sa partie méridionale, on aperçoit des ornières antiques creusées dans le rocher ; il est facile d’en suivre les traces jusqu’à la mer, où elles se perdent. Ces ornières ont de quatre à six pouces de largeur et dix à douze et jusqu’à quinze pouces de profondeur ; elles règnent dans un long espace de terrain dont la superficie n’est que du roc. En s’approchant du rivage, on remarque que le sol prend une direction inclinée, que les traces des ornières se prolongent sous l’eau à une grande profondeur, et aussi loin que l’œil puisse apercevoir un objet à travers les vagues, ce qui fait présumer qu’il y a dans cet endroit quelque affaissement considérable. Comme entre les deux voies formées par les roues des voitures, on ne remarque aucun creux semblable à ceux que font les chevaux et les mulets, quand ils les traînent, il est probable que celles-ci étaient tirées à force de bras et qu’il y avait dans cet endroit un entrepôt ou un port considérable[1]. »

Remarquons, supposé, ce qui est bien probable, que la rupture du Bosphore ait précédé de quelque temps la rupture des Colonnes d’Hercule, que la Méditerranée a dû envahir bien plus de terre qu’elle n’en occupe maintenant, et étendre ses rivages jusqu’au pied des montagnes. De là vient la trace du séjour des eaux que l’on trouve partout sur

  1. Tome I, ch. 7, pag. 176.