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d’entrer en arrangement sur un arbitrage quelconque, mais ce serait tout le contraire pour le défendeur. Le pouvoir despotique que la loi donne au mari peut bien être une raison pour faire consentir la femme à tout compromis qui partage le pouvoir entre elle et son mari, mais non pour que le mari y consente. Chez les gens qui se conduisent honorablement, il se fait un compromis réel sans que l’un des deux conjoints y soit contrait moralement ou physiquement, et cela montre que les motifs naturels, qui mènent à la conclusion volontaire d’un arrangement pour régler la vie des époux d’une façon tolérable pour l’un comme pour l’autre, prévalent en définitive, excepté dans les cas défavorables. Assurément on n’améliore pas la situation en faisant décider par la loi que l’édifice d’un gouvernement libre s’élèvera sur la base légale du despotisme au profit d’une partie, et de la soumission de l’autre ; ni en établissant que toute concession faite par le despote pourra être révoquée selon son bon plaisir sans avertissement. Outre qu’une liberté ne mérite pas ce nom quand elle est si précaire, ses conditions ont peu de chance d’être équitables quand la loi jette un poids si prodigieux dans l’un des plateaux de la balance, quand l’arrangement établi entre deux personnes donne à l’une le droit de tout faire, et à l’autre rien de plus que le droit de faire la volonté de