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moyen d’en atténuer la rigueur, et un bien insuffisant encore, c’est le droit de choisir librement leur maître. Le déni de cette liberté complète l’assimilation de la femme à l’esclave, et à l’esclave dans la plus dure servitude, car il y a eu des codes qui accordaient à l’esclave pour certains cas de mauvais traitement le droit de contraindre légalement son maître à le vendre. Mais en Angleterre il n’y a pas de mauvais traitements si répétés qu’ils soient, à moins que l’adultère du mari ne vienne les aggraver, qui puissent délivrer une femme de son bourreau.

Je ne veux pas exagérer, et je n’en ai pas besoin. J’ai décrit la position légale de la femme, non le traitement qui lui est fait réellement. Les lois de la plupart des pays sont bien pires que les gens qui les exécutent et beaucoup de ces lois ne doivent leur durée qu’à la rareté de leur application. Si la vie conjugale était tout ce qu’elle pourrait être, au point de vue légal seulement, la société serait un enfer sur la terre. Heureusement, il existe en même temps des sentiments et des intérêts qui chez beaucoup d’hommes excluent, et chez la plupart modèrent les impulsions et les penchants qui mènent à la tyrannie : de tous ces sentiments le lien qui unit un mari à sa femme est incomparablement le plus fort ; le seul qui en approche, celui qui attache un père à ses