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éclairée, l’humanité sans distinction de sexe en pourra retirer. La discussion doit être sérieuse ; il faut qu’elle aille au fond et ne se contente pas d’aperçus généraux et vagues. Par exemple, on ne doit pas poser en principe que l’expérience a prononcé en faveur du système existant. L’expérience n’a pu décider entre deux systèmes tant que l’un d’eux seulement a été mis en pratique. On dit que l’idée de l’égalité des sexes ne repose que sur la théorie, mais nous rappellerons que l’idée opposée n’a pas d’autre fondement que la théorie. Tout ce qu’on peut dire en sa faveur au nom de l’expérience, c’est que l’humanité a pu vivre sous ce régime, et acquérir le degré de développement et de prospérité où nous la voyons aujourd’hui. Mais l’expérience ne dit pas que cette prospérité n’eût pas été réalisée plus tôt, ou qu’elle ne serait pas dépassée aujourd’hui, si l’humanité avait vécu sous l’autre régime. D’un autre côté, l’expérience nous apprend que chaque pas dans la voie du progrès a été invariablement accompagné d’une élévation d’un degré dans la position sociale des femmes ; ce qui a conduit des historiens et des philosophes à prendre l’élévation ou l’abaissement des femmes pour le plus sûr et le meilleur criterium, pour la mesure la plus commode de la civilisation d’un peuple ou d’un siècle. Durant toute la période de progrès, l’histoire nous montre que la condition des