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beaucoup de temps avant qu’on reconnût au père le droit de le déshériter. Dans les classes industrieuses, les individus qui étaient nés membres d’une corporation, ou y avaient été admis par ses membres, pouvaient seuls exercer légalement leur profession dans les limites imposées à la corporation, et personne ne pouvait exercer une profession estimée importante autrement que de la manière fixée par la loi ; des manufacturiers ont subi la peine du pilori, après un procès légal, pour avoir eu la présomption de faire leurs affaires avec des méthodes perfectionnées. Dans l’Europe moderne, et surtout dans les parties qui ont pris la plus grande part au progrès, les doctrines les plus opposées à ces anciens principes règnent aujourd’hui. La loi ne détermine pas par qui une opération industrielle sera ou ne sera pas conduite, ni quels procédés seront légaux. C’est aux individus à choisir librement. En Angleterre, on a même rapporté les lois qui obligeaient les ouvriers à faire un apprentissage ; on croit fermement que, dans toutes les professions où un apprentissage est indispensable, sa nécessité suffira pour l’imposer. L’ancienne théorie voulait qu’on laissât le moins possible au choix libre de l’individu, que toutes ses actions fussent autant que possible dirigées par une sagesse supérieure ; on était assuré que, livré à lui-même, il tournerait mal.