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que, en réalité, de très grands hommes avaient vécu avant Turner et que le promoteur d’un nouvel Évangile de l’art devait connaître quelque chose de l’histoire de l’art et — même de celle de l’homme — matières où notre jeune gradué n’était qu’un apprenti. En un mot, la défense de Turner et des Modernes devait reposer sur des bases plus larges et les anciens devaient être étudiés de nouveau.

L’automne et l’hiver de 1844 furent consacrés à l’étude de l’histoire et de l’art du Moyen Age, dans Rio et lord Lindsay, et il parut indispensable avant de continuer les « Modern Painters » de travailler à Pise et à Florence. En avril 1845, il partit seul pour la première fois, sans ses parents, mais il était accompagné de George, son valet de chambre, et de Couttet, le guide de Chamonix. Quelques vers écrits à Genève sur le Mont Blanc et dans un profond sentiment religieux le convainquirent qu’il ne pouvait rien exprimer correctement sous cette forme et il renonça pour toujours — et certainement avec raison — à la poésie. C’est à Lucques que ses yeux semblent s’être ouverts pour la première fois à la puissance de l’architecture et la tombe d’llaria di Caretto — « devint pour lui comme un guide pour l’avenir ». Il s’était procuré des livres et lisait Dante dans la traduction de Cary, les Républiques Italiennes de Sismondi et