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part de ces poèmes — cela est digne de remarque — sont des descriptions de paysages ou de lieux que Byron lui-même aurait eu de la peine à rendre intéressants et, chose curieuse, les premiers sont les plus spontanés et les meilleurs, les tout premiers étant absolument étonnants par leur facilité précoce. De plus, ils n’offrent aucune des qualités du tour particulier de l’esprit de Ruskin et de sa puissance littéraire. Le rythme en est correct, facile, très soigné, la forme est celle des meilleurs modèles, la phrase est pure, gracieuse et pittoresque, mais chaque poème ne laisse en somme qu’une impression vague et indéterminée. La pensée se voile sous un nuage de langage raffiné ; la poésie s’exhale en exubérante couleur locale ; et, pourtant, comme étude d’une évolution littéraire, ces deux volumes de poésie ne sauraient être négligés.

Nous possédons des fragments authentiques des vers de l’enfant dès l’âge de sept ans. À cet âge même où peu d’enfants savent lire et écrire, on a de lui des morceaux dont le rythme et les phrases sont de correction parfaite et les rimes toujours justes. Il dit par exemple d’une machine à vapeur employée dans une mine :

L’eau s’élance furieuse de la mine —
Enlevant au minerai sa souillure de rouille.