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indignation pour ce qu’il y a de frauduleux dans le commerce de nos jours l’entraînait à condamner comme criminel et dégradant le commerce moderne en lui-même. Les horreurs des grandes cités manufacturières l’amenaient à se déclarer un communiste violent, prêt à accepter la liquidation sociale ou la destruction de la société moderne que rêvent les Anarchistes. D’un autre côté, sa familiarité ancienne avec Homère, Scott, Platon et Dante le tournait vers l’autocratie paternelle d’un roi philosophe. Il se rapprochait ainsi de Carlyle, d’Emerson, de William Morris et de Tolstoï. N’oublions pas cependant que Ruskin ne fut jamais un révolutionnaire en politique ; il fut un réformateur moral et spirituel — ses imprécations les plus furieuses se fondaient en paroles aussi tendres que celles de Jésus quand Il pleurait à la vue de Jérusalem.

En raison de ses aspirations vers une société nouvelle fondée sur l’Air, l’.Eau, le Sol purs — sur l’Admiration, l’Espérance et l’Amour, en considération de ses tentatives désespérées et visionnaires pour réaliser le modèle de ce monde nouveau, nous pouvons oublier les erreurs et les folies du prophète de Fors, ses incorrigibles méprises et ses outrages à des hommes tels que Mill, Spencer et Comte ; son ignorance enfantine des faits de l’histoire, du langage, de l’étymologie