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Une nuit, au début de 1864, comme il revenait de son cours au Collège des ouvriers, il trouva son père qui l’attendait pour lire ensemble quelques lettres et, peu de jours après, le vieillard s’éteignait dans sa soixante-dix-neuvième année. Il fut inhumé à Shirley Church, dans le Surrey, et son fils fit inscrire sur sa tombe les mots suivants : « Il fut un négociant parfaitement honorable et sa mémoire est chère et bienfaisante pour tous ceux qui l’ont connu. Ainsi parle de lui son fils qu’il aima par dessus tout et auquel il enseigna à dire la Vérité. »

Par la mort de son père, Ruskin héritait d’une fortune de près de trois millions et demi, sans compter une propriété assez considérable consistant en terres et maisons, le tout gagné et accumulé par John James grâce à son travail, à son intelligence et à son honnêteté commerciale. Celui-ci n’était pas seulement un très honnête négociant mais aussi un homme très généreux, d’un jugement aiguisé et d’une réelle culture en poésie et en art. Ce fils, d’un génie si étrange, auquel il avait prodigué et sa fortune, et son inquiète sollicitude, était depuis longtemps séparé de lui sous le rapport des idées religieuses et économiques. Mais l’affection réciproque était toujours la même, et John Ruskin depuis longtemps homme fait, restait encore dans la maison paternelle comme un jeune garçon sou-