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le robinson suisse.

à la veille d’événements qui allaient changer notre existence. Quant à moi, je m’étais délivré d’un poids énorme, et je remerciai le ciel de m’avoir tiré de toutes ces difficultés.

Dès le lendemain commencèrent les préparatifs de départ, et vous pouvez penser que tout prit chez nous un air de presse et d’occupation. Ma femme apprêtait le trousseau des jeunes voyageurs, tandis qu’un combat de générosité s’éleva, entre ceux qui s’en allaient et ceux qui restaient, pour le partage des divers objets qui jusqu’alors avaient été possédés en commun. Miss Jenny emporta, comme de raison, tout ce qu’elle avait eu à la Roche fumante, et je remis à Fritz et à François leur part des perles, du corail, des noix muscades, de vanille, de curiosités naturelles ; en un mot, de tout ce qui pouvait avoir quelque prix dans les pays où ils se rendaient. Je leur donnai, en outre, une certaine quantité de ce qui nous restait, afin qu’ils eu disposassent pour notre compte et qu’ils nous envoyassent en retour les productions de l’Europe dont nous pourrions avoir besoin. Je fis aussi quelques échanges avec le capitaine Littlestone, à qui je confiai tous les objets précieux que nous avions recueillis sur le bâtiment naufragé, en le priant de s’informer s’il existait encore des parents de ceux à qui ces objets avaient appartenu, et, dans ce cas, de les leur faire tenir.

La veille de la pénible séparation, personne ne voulut montrer de faiblesse ; nous invitâmes le capitaine et tous les officiers du yacht à un souper d’adieux. Au dessert, je fis placer sur la table, dans une corbeille de fleurs, le Journal de nos aventures sur les côtes de la Nouvelle-Suisse, et je le recommandai à mon honnête Fritz, à mon prudent François, à tous les assistants, et les priai de le faire imprimer à leur arrivée en Europe, en supprimant tout ce qui leur paraîtrait inutile ou trop long.

« J’espère, dis-je, que le récit de nos aventures pourra avoir quelque intérêt pour les lecteurs. Ce Journal n’a été écrit que dans le but d’être utile à mes enfants ; mais il offrira