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sens. Nous ne songions ni à boire, ni à manger, ni à quitter le lieu où nous étions. Nous avions tant de choses à nous demander mutuellement et tant de réponses à nous faire ! La jeune étrangère fut la première qui reprit son sang-froid, et elle en donna une preuve en s’occupant du souper, tandis que je continuai à bavarder, croyant peut-être par là me rendre plus aimable. Miss Jenny se retira pour la nuit dans le fond de la grotte, qui était séparé de la partie de devant par une espèce de rideau de roseaux et de plantes marines entrelacées. Je couchai dans la partie extérieure ; mais j’étais trop agité pour m’endormir facilement ; je ne fermai les yeux qu’au point du jour ; et je ne tardai pas à être réveillé par Jenny, qui vint m’annoncer que le déjeuner était servi. Nous passâmes cette journée à mettre en ordre et à charger dans mon caïak tous les effets de la jeune fille, et à chaque objet qui me passait sous les yeux je me récriais sur l’esprit inventif et l’adresse avec lesquels elle était parvenue, en moins de deux ans et demi, à faire tant de choses utiles et curieuses. Pendant ce temps elle me raconta son histoire, qui est fort intéressante, et j’engage mon père à en écrire la relation quand la saison pluvieuse aura interrompu nos travaux au dehors. Notre traversée n’offrit rien de remarquable ; et nous aurions été de retour bien plus tôt, si des avaries survenues à mon caïak ne nous avaient pas forcés de relâcher dans une petite île d’où je sortais quand vous m’avez vu. »




CHAPITRE XLIII

Histoire de miss Jenny. — Je fabrique du savon. — Retour à Felsheim. — Réception solennelle ; salut d’honneur. — Accident qui arrive à ma femme. — Le brancard. — Voyage à Falkenhorst. — La saison des pluies.

Le récit de Fritz s’était prolongé jusque fort avant dans la nuit, et pourtant aucun de ses auditeurs n’était las de l’en-