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le robinson suisse.

taient toujours en bon état et si quelqu’un des éléphants ou des autres habitants de la savane s’était pris dans nos pièges. Fritz s’embarquait alors dans son caïak et il allait sur la rive opposée faire des provisions de cacao, de bananes et de ginseng, qu’il y avait découverts autrefois ; et nous revenions chargés de tout cet attirail, sans oublier la terre de porcelaine, qui nous servait à compléter notre service de table.

Dans une des courses aventureuses de mon fils, il remarqua une si grande variété de coqs et de poules d’Inde, que nous résolûmes d’en faire une chasse à la manière des habitants du Cap. Notre piège fut assez long à construire : il se composait de quatre parois quadrangulaires faites avec des poutres et des bambous grossièrement ajustés ; elles enfermaient ainsi un espace de six pieds de haut sur douze de large et de long environ. Cette cage restait en place toute l’année, mais, à l’époque de la chasse, nous la recouvrions d’un large grillage assez solide pour ne pouvoir être brisé facilement. Un petit conduit souterrain aboutissait à l’intérieur de la cage ; l’entrée en avait été aplanie et nettoyée. Au moment de la chasse, le grillage posé, nous mettions à l’entrée de notre petit conduit des graines et des friandises de toutes sortes, et nous en jetions quelques poignées dans l’intérieur de la galerie ; bientôt les coqs et les poules arrivaient pour becqueter ce grain, et s’engageaient alors dans le passage assez étroit par lequel ils apercevaient la lumière passant par le treillage du sommet ; mais, lorsqu’en continuant leur route à la recherche de nouvelles graines ils étaient arrivés dans l’intérieur de la cage, ils cherchaient en vain de s’échapper par la grille, et ne pouvaient retrouver le conduit qui les avait amenés, car sa construction sous terre le laissait complètement dans l’obscurité. Ils restaient donc à se débattre le long des parois jusqu’à ce que nous vinssions les prendre.

Nos animaux domestiques s’étaient beaucoup multipliés : tous les ans la chienne Bill nous donnait cinq ou six petits,