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le robinson suisse.

« Je regrette que Jack n’ait pas pu diriger son autruche et se soit laissé emporter par elle. Mais, pendant que je vais essayer de calmer notre attelage, avance-toi avec précaution vers le taillis, et tâche de découvrir ce qui s’y passe ; sois prudent, et, s’il y a le moindre danger, reviens tout de suite vers moi ; nous reprendrons immédiatement le chemin de la maison, dont nos bêtes semblent regretter d’être sorties. »

François suivit à la lettre les instructions de son frère. Il se munit d’une paire de pistolets, prépara son fusil, et, suivi des chiens, s’avança ensuite tout doucement, se courbant presque en deux pour n’être pas aperçu, dans la direction d’où était parti ce rire singulier qui les avait tous frappés. Arrivé au milieu du taillis, il aperçut avec effroi, par une ouverture, une hyène gigantesque qui venait de terrasser un bélier et s’apprêtait à le dévorer. La vue de ce farouche animal fit sur le jeune chasseur une certaine impression de frayeur, d’autant plus qu’il dardait sur lui des yeux pleins de feu, en accompagnant ce regard d’un cri funèbre analogue au rire d’un homme. Cependant il ne bougea pas, et, sans s’inquiéter davantage de François, il continua son repas interrompu.

François s’adossa alors le long d’un arbre, arma bravement son fusil et visa l’animal avec un sang-froid digne d’un chasseur plus expérimenté. En ce moment, les chiens passèrent de la crainte à une espèce de rage et se précipitèrent en aboyant contre l’ennemi. Au même instant, François lâcha son coup de fusil si adroitement, que la balle vint fracasser une des pattes de devant de l’hyène et pénétra dans sa poitrine en faisant une profonde blessure. L’animal poussa un cri aigu suivi d’un rugissement effrayant, et tenta de se jeter sur l’agresseur ; mais les chiens ne lui en donnèrent pas le temps, et, le harcelant de tous côtés, le forcèrent à se défendre.

Pendant ce temps, Fritz, après avoir attaché à deux