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le robinson suisse.

— Très-facilement, car nous ne ferons pas de gerbes et nous battrons le grain sur place. »

Pour joindre la pratique à la théorie, je montrai alors aux enfants qu’ils pouvaient aisément saisir de la main gauche un certain nombre d’épis et les couper avec la main droite, les attacher avec le premier morceau de paille venu, et les jeter ensuite dans une corbeille. Ce procédé a, de plus, l’avantage de ne pas forcer le moissonneur à rester presque constamment baissé, ce qui est la principale fatigue du métier.

Mes enfants se mirent aussitôt à la besogne. Deux buffles, portant le fameux panier où Ernest avait été tant secoué, furent placés au milieu de nous ; chacun se mit à récolter de son côté, en sorte que, le soir, le panier avait été deux fois rempli et vidé, et que le champ ne contenait presque plus que les pailles des épis. Ma femme seule n’approuvait pas ce système. Il lui était pénible de penser que toute cette paille était perdue, et qu’en outre tous les épis plus bas que la hauteur de la main nous échappaient. Elle ne cessait de murmurer, disant que c’eût été une pitié pour des moissonneurs habitués aux bonnes méthodes de la Suisse de voir un tel gaspillage ; je la consolai en lui promettant que nos bestiaux mangeraient une partie de cette paille sur pied, et que le reste serait rentré avec soin.

Les épis furent apportés sur une aire préparée par moi à l’avance ; alors toutes nos montures, même l’autruche, furent mises en réquisition. Elles foulèrent sous leurs pieds nos épis dont elles séparèrent le grain.

Pour le maïs, nous fumes obligés de le battre différemment, en employant des fléaux qui détachèrent le grain des épis. Le produit obtenu fut aussi très-considérable.

Après avoir fauché, puis labouré le champ, je l’ensemençai de nouveau, mais en ayant soin de faire comme en Europe, où, pour laisser reposer la terre, les laboureurs changent, chaque année, la nature des semences. Ainsi je ne