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le robinson suisse.

d’éloges sur le cochon, et, pour l’obliger à se taire, je fus obligé de lui faire remarquer qu’en parlant toujours il oubliait de manger, et que, grâce à l’appétit de ses frères, il serait forcé peut-être de se contenter d’apprécier la bonté du plat par les yeux et le nez, sans y porter les dents. À ces mots, le petit bonhomme se mit à jouer des mâchoires avec une telle rapidité, qu’on voyait qu’il avait hâte de rattraper le temps perdu.

Quand la faim de mes enfants fut un peu apaisée, je demandai à Fritz de nous faire le récit de leur expédition. Je lui laisse ici la parole.

« Nous sommes restés toute la journée auprès de la métairie de Waldegg ; c’est là que nous avons fait nos découvertes et abattu notre gibier. Nous avons placé des pièges à rats dans lesquels l’appât se composait de carottes ou de petits poissons. Les ondatras semblaient préférer le légume, mais les autres rats à trompe préféraient l’autre appât, si bien que, pour ne plus perdre de temps, nous nous sommes contentés de dîner avec des racines d’anis et quelques petits poisson » à peine frits.

— Pendant ce temps-là, interrompit Jack, notre singe chassait dans les environs ; il a fait lever, presque sous nos pieds, les deux lièvres, et François lui doit aussi son kanguroo, à qui un coup de fusil bien ajusté a appris vite ce que c’était que la poudre, dont il n’avait probablement pas d’idée.

— Moi, reprit Fritz, je laissai mes frères s’escrimer contre ce gibier inoffensif, et je ramassai le paquet de chardons que vous avez vus ; j’y ai joint quelques plantes nouvelles sur lesquelles vous voudrez bien me dire votre avis. Mais ne voilà-t-il pas qu’au beau milieu de mon paisible travail un singe malavisé vient m’assaillir à coups de noix de coco ; je lui ai envoyé quelques grains de plomb qui Tout fait descendre de son arbre plus vite encore qu’il n’en avait l’habitude. »

Après le souper j’allai examiner les plantes de Fritz. D’a-