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le robinson suisse.

devrions aussi, ajouta-t-il, y construire une tour, où notre artillerie défendrait avec avantage toute agression hostile faite par le défilé.

— Oui, dit Ernest ; en attendant, il faudrait savoir dans quelle contrée nous sommes, pour connaître les ennemis que nous pourrions avoir à combattre et disposer nos fortifications d’après leur mode stratégique d’attaque.

— Mon opinion, repris-je, est que nous nous trouvons dans les environs de la Nouvelle-Guinée. L’étude des cartes marines du capitaine, le souvenir des dernières manœuvres et des dernières observations faites à bord du navire me donnent lieu de croire que cette opinion est fondée. Ainsi, si nous avons quelques relations avec les hommes, ce serait sans doute avec les habitants de Port-Jackson et de Sydney-Cook.

— Ne pourrions-nous pas toujours, sauf meilleur informé, demanda Fritz, établir ici une cabane d’été, comme en construisent les habitants du Kamtchatka ? On l’élève sur quatre piquets ; un tronc d’arbre sert d’échelle, et, de cette position, on peut défendre le bétail qui se trouve en bas, sans courir soi-même de grands dangers.

— C’est une bonne idée ; seulement, avant de la mettre à exécution, battons un instant le pays autour de nous pour nous assurer que notre travail ne sera pas interrompu. »

Le résultat de notre battue n’aboutit qu’à faire fuir quelques chats-tigres qui se dispersèrent à notre approche. La chaleur était du reste excessive, en sorte que la marche nous fatiguait beaucoup. Nous revînmes à notre plate-forme, et, après le repas et quelques heures données au repos, au moment où la chaleur devenait moins forte nous travaillâmes tous avec ardeur à arranger notre cabane d’après les idées de Fritz. Ce travail se fit presque tout entier à la fraîcheur, et nous ne le terminâmes qu’après le lever de la lune, tout en parlant de notre excursion du lendemain dans la savane.