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le robinson suisse.

constances me firent présumer que j’avais là une bande de cochons musqués ou cochons de Siam. Je savais que leur chair était bonne à manger, pourvu que le chasseur eût la précaution d’enlever immédiatement après la mort de l’animal la petite glande odorante qu’il porte à la partie inférieure du corps, afin que le liquide qu’elle contient ne se répande, pas dans la chair. Je fis immédiatement cette opération. Fritz et Jack coururent chercher notre butin, qui s’était accru de trois ou quatre traînards surpris et abattus par les chinas.

J’en étais là de mon travail quand j’entendis deux nouveaux coups de fusil qui n’avaient dû être tirés que par Ernest ou par ma femme. Je dépêchai Jack vers la hutte pour les prévenir de ce qu’il fallait faire et pour ramener la charrette, dont nous avions besoin pour transporter le butin ; et, en attendant, nous le réunîmes tout en un bloc, nous le couvrîmes de cannes à sucre, et nous nous assîmes triomphalement dessus. Nous avions abattu en tout huit cochons.

Bientôt notre chariot revint, portant Ernest noblement étendu comme un pacha. Les deux coups de fusil que nous avions entendus venaient bien de lui. Il avait vu passer la colonne tout entière, avait tué deux cochons, tandis que Turc en avait tué un troisième ; il avait remarqué de plus que le troupeau tout entier s’était réfugié derrière la palissade de bambous. « Ils pouvaient être une quarantaine, nous dit-il, mais les rangs étaient tellement pressés, que je n’ai pu les compter que très-approximativement. »

Je voulais faire charger tout de suite le gibier sur la charrette ; Fritz nous conseilla d’abord de le dépouiller et de le vider ; cela devait alléger d’autant le poids. Cette opération étant nécessaire, en effet, il valait mieux qu’elle fût faite sur place, et chacun de nous se mit à la besogne. L’heure du dîner nous pressait, d’ailleurs, et, comme l’appétit commençait à se faire sentir, je conseillai à mes jeunes ou-