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le robinson suisse.

minions-nous chaque objet nouveau avec attention dans l’espoir de faire quelque heureuse découverte. Tout à coup, en longeant un peu le rocher, nous vîmes s’ouvrir devant nous une grotte profonde, d’environ vingt pieds, qui donnait naissance à un petit ruisseau d’une eau claire et limpide. La voûte et les parois intérieures étaient recouvertes d’incrustations pierreuses et de stalactites affectant des formes brillantes et variées. Le sol était formé d’une couche de terre blanche très-fine qui me parut avoir des propriétés saponifiantes. En l’examinant de plus près, je reconnus de la terre à foulon. Nous en fîmes tout de suite quelques boules que nous enveloppâmes dans nos mouchoirs. « Voilà, dis-je à mes enfants, une excellente trouvaille ; notre chère ménagère sera bien contente d’avoir à sa disposition une provision de savon ; et moi, d’un autre côté, je n’aurai plus aussi souvent l’ennui de brûler de la chaux.

— Mais, dit Fritz, est-ce que la chaux entre pour quelque chose dans la manipulation du savon ? Je croyais que le savon était un produit purement industriel.

— Il me semblait à moi, dit Ernest, qu’on le fabriquait avec du suif.

— Le savon se fait, répondis-]e, en mélangeant à des corps gras de la potasse ou de la soude, qui perdent ainsi un peu de leurs propriétés caustiques. On se sert encore de cendres lavées qui exigent alors l’emploi de l’eau de chaux, à laquelle on ajoute de l’huile ou du saindoux : ces préparations sont assez coûteuses, c’est pourquoi on a imaginé de se servir d’une terre saponifiante qui prend le nom de terre à foulon, à cause de l’usage que l’on en fait dans le foulage des laines. »

Pendant cette explication, Fritz s’était avancé dans l’intérieur de la grotte : je me mis à sonder le ruisseau, qui était peu profond, et je remarquai qu’il sortait d’une sorte d’excavation disposée au fond. Fritz avait déjà commencé à élargir cette ouverture, qui put bientôt lui donner passage. Je le