Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
231
le robinson suisse.

que nous avions abattues à coups de hache lors de la dissection de la baleine. Elle tenait surtout à en conserver le duvet, et, comme la chair de ces oiseaux est peu agréable au goût, nous jetâmes aussi leurs cadavres à la rivière. Bientôt ils furent recouverts d’une grande quantité d’écrevisses. La voracité les retenait tellement acharnées sur leur proie, que nous pûmes nous en emparer facilement, ce qui renouvela notre provision épuisée depuis quelque temps déjà, et le soir même nous nous régalâmes d’un buisson magnifique de ces crustacés, ce qui nous rappela notre chère cuisine européenne.




CHAPITRE XXV

Les rames mécaniques. — Excursion à l’île de la Baleine en passant par Prospect-Hill. — Souvenir de fa patrie. — Les morses. — La tortue géante. — Le prétendu mammouth. — Nouveau procédé de navigation. — Atelier de sellerie et de vannerie.

À mesure que nous nous étions habitués à notre vie solitaire, le désir d’agrandir nos domaines s’était fait plus vivement sentir : c’est un besoin naturel à l’homme sauvage ou civilisé de chercher à accroître son bien-être par de nouvelles richesses : nous avions déjà deux habitations principales, Falkenhorst et Felsheim, et en outre plusieurs métairies qui étaient comme les colonies de la métropole. Ma femme eut la première l’idée de fonder un petit établissement dans l’îlot de la Baleine. Sa proximité de Felsheim permettait une surveillance facile, et nous pouvions y placer nos volailles à l’abri d’attaques dévastatrices des singes. En outre, notre sage ménagère pensait qu’il serait prudent