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le robinson suisse.

question : un banc de sable s’élevait alentour, et la mer était encore trop grosse pour nous hasarder sur cette plage. Nous tournâmes donc la difficulté en allant aborder dans une petite crique un peu plus loin.

Je fis remarquer à mes compagnons de voyage que l’îlot que nous côtoyions semblait d’une bonne terre végétale qu’un peu de culture devait facilement améliorer. Il pouvait avoir un petit quart de lieue dans sa longueur ; mais le banc de sable qui y adhérait le faisait paraître le double plus étendu. Toute la plage était couverte d’oiseaux de mer de toute sorte ; nous en prîmes plusieurs avec leurs nids, afin de ne pas revenir les mains vides à Felsheim.

Une fois débarqués, je dis à mes enfants de suivre le rivage, chemin plus long, mais plus facile, tandis que j’irais directement à la baleine par les rochers, ce qui abrégeait la route, mais la rendait plus pénible ; je voulais juger par moi-même des ressources que l’on pouvait tirer de l’île. Arrivé au sommet le plus élevé, je jetai les yeux autour de moi, et je vis un magnifique spectacle : à deux cents pas environ, j’avais la mer, dont les vagues bouillonnaient âmes pieds ; d’un autre côté, j’apercevais Falkenhorst, Felsheim et toutes nos richesses. Je sentis les larmes me venir aux yeux en pensant à ce que la Providence m’avait permis de faire sur cette côte inhabitée, et je remerciai Dieu de nous avoir, jusqu’à ce jour, soutenus dans tous les dangers et secourus dans toutes les peines. Puis, après cet élan du cœur, je m’approchai des enfants, qui, eux aussi, ne faisaient que d’arriver.

Ils s’étaient arrêtés à moitié chemin pour ramasser des coquillages et des branches de corail ; chacun d’eux en avait sa charge.

« Ah ! papa, s’écrièrent-ils en me voyant, regardez donc ce que nous avons trouvé. D’où peuvent provenir toutes ces choses ?

— C’est la mer, répondis-je, qui, agitée jusque dans ses