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le robinson suisse.

tillandsie comme une partie ligneuse recouvre les filaments du lin.

Nous trouvions de temps en temps dans le fumier de nos pigeons des noix de muscade que je lavais et serrais avec soin pour en faire commerce à l’occasion. Ma femme en planta quelques-unes sans espérer beaucoup de les voir réussir.

Un matin Jack sortit seul pour se procurer, disait-il, une chose qui lui était nécessaire. Nous le vîmes revenir une heure après, mais dans quel état ! Imaginez-vous un malheureux couvert de boue et d’herbes aquatiques depuis les pieds jusqu’à la tête, pleurant, boitant. Il portait sur son épaule un paquet de joncs d’Espagne.

À sa vue, nous partîmes tous d’un fou rire ; Fritz se tenait les côtes ; Ernest se roulait à terre ; ma femme seule reprit assez de sang-froid et de sérieux pour dire à Jack. « Où donc t’es-tu vautré ? t’imagines-tu que nous ayons beaucoup de vêtements et de linge de rechange à te donner ? Vraiment il est impossible de voir un enfant plus sale que toi !

fritz. — Vous ne voyez pas, maman, qu’il a voulu nager tout habillé et plonger même jusqu’au fond de l’eau et de la vase.

ernest. — On dirait Neptune sortant du sein des ondes.

moi. — Allons, mes amis, un peu plus de charité ; ne vous moquez point de votre frère ; je vous pardonne votre rire involontaire, mais pas de méchantes paroles. Et toi, mon pauvre Jack, dis-moi ton aventure.

jack. — Je suis allé au marais situé derrière le magasin à poudre : je voulais faire une provision de joncs pour nos travaux du colombier, pour les portes de l’étable, et encore pour autre chose. »

Sa mère lui apporta des vêtements, qu’il prit après s’être lavé dans la rivière voisine.

Ensuite il continua le récit de son excursion.