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le robinson suisse.

moins de temps que je ne croyais : il me faut, en marchant un très-bon pas, trente-cinq minutes pour me rendre d’ici à Falkenhorst, et vous n’en avez employé que cinquante pour l’aller et le retour.

jack. — Et maintenant, mon père, allons-nous grimper aux arbres et faire de l’équitation ? Il est temps que je rétablisse ma réputation un peu compromise. »

Mes quatre fils montèrent aux arbres avec une rapidité vraiment incroyable : on aurait dit de vrais écureuils ; je dis mes quatre fils, car le petit François voulut aussi être de la partie. Jack l’emporta sur ses frères. La course à cheval lui fournit un autre triomphe : non-seulement il monta son buffle sans selle et sans étrier, mais, lui abandonnant même la bride sur le cou, le lançant au galop, il se tint droit sur son dos, comme le plus habile écuyer d’un cirque. Je lui défendis ces tours de force dangereux qui, sans utilité, l’exposeraient à se casser bras et jambes.

François parut ensuite, monté fièrement sur son jeune taureau, qu’il conduisait avec deux ficelles passées dans l’anneau du nez et servant de guides : « Permettez-moi, messieurs mes frères, dit-il, d’entrer à mon tour en lice pour vous faire voir mes petits talents et surtout ceux de mon taureau Vaillant ; peut-être mériterons-nous vos éloges. »

Après avoir prononcé ces mots d’un ton grave et sérieux, il nous fit un salut, et lança son taureau au grand galop.

Jack, voyant le taureau décrire des cercles comme au manège, s’arrêter au mot halte ! plier les genoux comme un chameau au mot à bas ! caracoler enfin comme un cheval de parade, ne put s’empêcher de dire : « Cher François, si tu étais plus âgé, tu l’emporterais même sur moi ; que mes éloges bien sincères te dédommagent d’une lutte pour laquelle tu ne saurais espérer le prix. »

Erest demanda comment son frère était parvenu à apprendre au taureau à s’agenouiller.

« Maman et moi nous avons fait comme les Arabes, dit