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le robinson suisse.

CHAPITRE XX

Je commence à construire ma pirogue avec l’écorce d’un chêne. — Le pin de la Virginie ou pin à trois feuilles. — Nous mettons une partie de notre demeure à l’abri de l’invasion des buffles au moyen d’une palissade et de retranchements. — La cabane de l’Ermitage. — J’achève la pirogue. — Le jeune taureau. — Comment les Cafres dressent leurs taureaux combattants et gardiens. — Les tapis de poil de chèvre. — Nos occupations pendant la saison des pluies : la musique, le tour, l’escrime, la danse, les exercices gymnastiques.


La seconde métairie achevée, je me mis de nouveau à la recherche d’un arbre propre à faire une pirogue ; je trouvai enfin une sorte de chêne à glands plus petits que ceux de l’Europe, à écorce plus serrée et assez semblable à du liège, à tronc droit et dépourvu de branches. Je me décidai pour cet arbre ; il avait environ dix-huit à vingt pieds de haut sur cinq pieds de diamètre dans sa moyenne grosseur.

Ce n’était pas, on le pense bien, une chose facile que d’enlever tout d’une pièce un morceau d’écorce d’une pareille dimension. Après avoir attaché aux premières branches notre échelle de corde, Fritz put scier en rond assez commodément l’écorce jusqu’à l’aubier ; j’en fis autant, de mon côté, à la base du tronc ; puis nous enlevâmes perpendiculairement d’un cercle à l’autre une bande large de deux ou trois doigts, et nous pûmes alors séparer l’écorce de l’arbre avec des coins de fer ; grande fut notre joie quand nous l’eûmes posée entière, sans la moindre brisure, sur l’herbe ; pendant qu’elle était fraîche et flexible, nous nous mîmes à la travailler. Mes fils pensaient qu’il suffisait d’attacher un morceau de planche à chaque extrémité, pour en faire une chaloupe ; moi, je voulais quelque chose de plus élégant, de plus gracieux et de plus léger.

Je fis d’abord avec ma scie une fente d’environ cinq