Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
le robinson suisse.

Je fis aussi une importante amélioration à notre traîneau : après l’avoir fixé sur deux petites poutres servant d’essieu, j’y adaptai quatre roues ôtées aux canons du navire ; j’eus ainsi une voiture assez légère et commode par son peu de hauteur. Nous allâmes passer notre dimanche à Falkenhorst, où nous rendîmes grâces à Dieu pour toutes les faveurs dont il nous comblait.

Chaque jour nous travaillions à l’arrangement intérieur de la grotte. Pour comble de bonheur, je découvris au milieu des cristaux de sel quelques fragments de gypse commun ou pierre à plâtre ; après avoir cherché pendant plusieurs jours, j’arrivai à une grosse veine de ce minéral, et, à coups de pioche, à l’aide de la poudre, j’en détachai d’énormes fragments que mes fils firent rougir au feu et réduisirent en une poudre très-fine : ce plâtre nous fut très-utile dans la construction des cloisons, et nous évita de longs et pénibles travaux de menuiserie.

Je mis une légère couche de ce plâtre sur les couvercles de nos tonnes de harengs, excepté sur deux, que je destinais à être fumés et séchés. Voici comment nous procédâmes à cette dernière opération : dans une cabane de planches et de bambous, un gril fut suspendu ; sur le gril nous plaçâmes les harengs, et en dessous nous allumâmes du feu avec de la mousse et des rameaux verts qui donnèrent beaucoup de fumée.

Environ un mois après la visite des harengs, nous vîmes arriver des poissons fort gros qui s’efforçaient de pénétrer jusqu’au fond de la baie et de la rivière du Chacal, sans doute pour déposer leurs œufs entre les pierres. Jack fut le premier à remarquer l’approche des nouveaux venus ; il nous annonça avec son exagération ordinaire que des milliers de baleines longeaient nos rivages et forçaient l’entrée de notre ruisseau.

« J’ai peur, mon ami, lui dis-je, que tu n’aies vu des baleines que comme tu as vu les bras du fameux monstre