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le robinson suisse.

cire des abeilles à la cire des baies ; au lieu de nous servir des moules de roseaux tout d’une pièce, je fendais ces roseaux en deux, j’enduisais l’intérieur avec du beurre pour empêcher la cire chaude d’adhérer aux parois, puis je coulais la bougie ; les deux côtés du moule, attachés seulement ensemble par une ficelle, se séparaient facilement. Les mèches seules laissaient encore beaucoup à désirer. N’ayant point de coton, j’employai, mais sans succès, les fils de plusieurs plantes qui tous avaient le grave inconvénient de se charbonner sans absorber la cire fondue ; ce qui me parut préférable, pour le moment, fut la moelle d’une espèce de sureau assez commun dans l’île ; pour rendre ensuite les bougies égales et luisantes, mes fils les roulaient entre deux planches ; à part leur couleur verdâtre, j’ose dire, sans vanité, qu’elles étaient aussi belles que celles d’Europe. J’avais appris à mes enfants que la cire se blanchit, comme la toile, si on l’expose au soleil ou à la rosée sur des linges ; ils désirèrent apporter ce perfectionnement à notre fabrication ; mais je jugeai bien plus opportun de nous occuper de nos bottes imperméables de caoutchouc.

Ce mot de caoutchouc leur fit oublier à l’instant même le blanchiment de la bougie ; Fritz et Jack coururent me chercher la calebasse qui contenait cette gomme résineuse, tandis qu’Ernest m’apportait la terre glaise dont j’avais besoin pour faire des moules.

Je pris une de mes paires de bas, que je remplis de sable fin ; par-dessus j’étendis une couche de terre humide qui sécha doucement au soleil ; je découpai dans la peau de buffle deux semelles, et les fixai par des petits clous sous le pied du bas ; avec un pinceau de poil de chèvre, j’étendis une couche de résine sur chaque bas ; puis une seconde couche, puis une troisième, jusqu’à ce que l’épaisseur me parût suffisante. Dès que la gomme eut pris toute sa consistance, je retirai le sable du bas puis le bas, puis la couche de limon. Ma paire de bottes était faite, je l’élevai en l’air