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le robinson suisse.

lui coupai la langue, qui est si estimée des gourmets, et plusieurs morceaux du filet, que je salai. Je me souvins d’avoir lu que les boucaniers américains ôtent avec soin, et sans la déchirer, la peau des quatre pieds du buffle pour s’en faire des bottes très-douces et très-flexibles ; je l’enlevai donc pareillement. Nous nous assîmes ensuite à l’ombre des roseaux pour déjeuner avec les provisions de nos sacs, tandis que Turc et Bill se rassasiaient des restes de la bête ; mais ils furent troublés dans leur festin par des vautours qui fondirent du haut des airs sur le cadavre du buffle : il y eut d’abord lutte acharnée entre les oiseaux rapaces et nos chiens ; puis, de part et d’autre, on se décida à partager en bons convives. Parmi ces oiseaux, je remarquai le grand vautour royal et le calao rhinocéros, ainsi nommé à cause de l’excroissance courte et charnue qu’il porte sur le bec,

Jack coupa quelques roseaux, en ayant soin de ne pas toucher aux plus gros, comme étant trop lourds à porter ; il eut alors l’idée que ces roseaux pourraient servir de moules pour les bougies.

Pour moi, j’en sciai de plus gros pour en faire des sortes de vases, à la manière de certaines peuplades de l’Amérique, et nous nous mîmes en route. Je tirai la corde du buffle, qui me suivit sans résistance ; nous nous enhardîmes au point de lui attacher sur le dos nos paquets de roseaux et nos viandes salées : ce dont il eut à peine l’air de s’apercevoir.

Après avoir franchi les rochers à pic dont j’ai parlé plus haut, nous vîmes, à quelques pas de nous, un gros chacal, qui prit la fuite dès qu’il nous aperçut ; mais les chiens s’élancèrent après lui et l’atteignirent à l’entrée d’une caverne, où ils l’étranglèrent. Je m’approchai du champ de bataille et reconnus que le chacal tué était une femelle qui allaitait. En défendant l’entrée de la caverne où devaient être ses petits, elle avait été étranglée par nos chiens. Jack voulut pénétrer dans la caverne ; je ne le lui permis qu’après avoir tiré moi-même un coup de pistolet pour m’assurer que le mâle