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le robinson suisse.

peu d’eau pendant que mes fils posaient une des plaques de fer sur des pierres qui servaient de chenets. Ils allumèrent un feu très-ardent, et, quand la plaque fut chauffée, j’étendis dessus ma farine toute préparée. La galette se forma et répandit une odeur des plus appétissantes. Les enfants la dévoraient déjà des yeux.

« Papa, c’est cuit, je vous assure, dit Ernest.

jack. — Que je mangerais volontiers de cet excellent pain !

françois. — Et moi ! Oh ! si papa voulait m’en donner un tout petit morceau ?

moi. — Mes amis, je crois que nous pourrions manger de ce gâteau sans crainte ; mais, par prudence, nous attendrons jusqu’à l’après-midi : le singe et les poules auront les prémices de ma boulangerie. »

Je jetai à ces animaux quelques morceaux de la galette ; ils parurent s’en régaler : le singe fit des grimaces de contentement à rendre mes fils jaloux de ne pouvoir partager avec lui.

« Les sauvages n’ont sans doute pas à leur disposition des râpes pour faire la farine. Comment donc parviennent-ils à y suppléer ? me demanda Fritz.

moi. — Ils se font des râpes avec des coquillages, des pierres pointues, ou avec des clous achetés aux Européens ; ils plantent ces pierres pointues et ces clous sur des planches. Mais maintenant dînons, mes amis, et, si nos animaux n’ont point eu de coliques ou d’étourdissements, nous nous remettrons à boulanger.

fritz. — Les coliques et les étourdissements sont-ils les seuls effets du poison ?

moi. — Ce sont les plus ordinaires. Il y a d’autres poisons, l’opium, la ciguë, etc., qui, pris à trop fortes doses, endorment et engourdissent ; d’autres, brûlants et acides, l’arsenic, les champignons vénéneux, etc., qui déchirent ou rongent l’estomac et les intestins. À ce propos, mes amis, il faut