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BELFORT.

pables qui furent pris furent condamnés à la prison, les contumaces à la peine de mort. Le colonel Caron, qui voulut susciter une nouvelle insurrection, fut seul exécuté.

De nos jours, Belfort a offert le fait le plus mémorable de son histoire. En 1870, après la reddition de Strasbourg et la capitulation de Metz, les armées du général de Werder et du prince Frédéric-Charles, ayant recouvré leur liberté d’action, se dirigèrent la première vers la Bourgogne, la deuxième vers Paris. Pendant que le général de Werder atteignait la Saône et poussait même ses troupes jusqu’à Dijon, le général de Treskow, placé sous ses ordres, et commandant la première division de la réserve, se dirigeait sur Belfort et l’investissait le 5 novembre 1870. Quelques jours plus tard, le général de Schmeling, après s’être emparé des places de Schlestadt et de Neuf-Brisach, venait fortifier l’armée assiégeante en laissant à Treskow une partie de la quatrième division de réserve. Pas plus que Metz, Belfort n’avait été mise à même d’opposer à l’ennemi une résistance sérieuse ; mais, depuis deux mois, on avait mis la main à l’œuvre, et, grâce à quelques officiers dévoués qui avaient poussé les travaux avec la plus grande activité, Belfort était, au moment de son investissement, en état de soutenir un long siège, même contre des forces considérables : les ouvrages extérieurs qui complétaient ses fortifications étaient presque terminés et ses approvisionnements en vivres et en munitions laissaient peu à désirer.

Le lieutenant-colonel Denfert-Rochereau, qui avait été nommé gouverneur de Belfort à la place du colonel Crouzat appelé à un commandement dans l’armée de l’Est, était un officier du génie instruit et énergique, qui devait ne rien négliger pour parer à toute éventualité. Nul mieux que lui n’eût su tirer parti de toutes les ressources dont la nature ou l’art avait doté ce point stratégique, cette vallée de la Savoureuse, véritable porte ouverte sur l’intérieur de la France.

Pour défendre Belfort et les nombreuses positions qui l’entourent, le colonel Denfert avait 300 canons, mais il ne