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rapportait en Grèce que Lycurgue avait obligé les Lacédémoniens à se servir d’une monnaie de fer, afin que le poids de cette monnaie les empêchât de s’adonner trop au commerce. Quoiqu’il en soit, il est certain que la monnaie de fer ne pourrait s’employer à présent en paiements un peu considérables, puisqu’un penny pèserait environ une livre ; puisqu’au lieu de remettre un billet de cinq livres sterling, nous devrions livrer une tonne de fer. Au siècle dernier le cuivre s’employait réellement comme principal moyen d’échange en Suède ; et les marchands étaient obligés d’emmener une brouette avec eux quand ils avaient à recevoir des paiements en dalers de cuivre. Un grand nombre des substances employées comme monnaie dans les anciens temps devaient laisser beaucoup à désirer pour la facilité du transport. Sans doute les bœufs et les brebis se transportaient bien eux-mêmes ; mais le blé, les peaux, l’huile, les noix, les amandes, etc., quoique assez convenables à d’autres égards pour servir de monnaie, étaient d’un volume énorme, et ne pouvaient que difficilement se transporter.

Cette facilité de transport est une qualité importante, non-seulement parce qu’elle permet de porter en poche de petites sommes sans difficulté, mais parce que des sommes considérables peuvent ainsi se transporter à peu de frais d’un pays à l’autre, et même d’un continent à l’autre. Le résultat est d’assurer dans toutes les parties du monde une uniformité approximative de la valeur de la monnaie. Une substance très-pesante et très-volumineuse relativement à sa valeur, comme le blé et le charbon, peut être fort rare dans un pays, tandis qu’elle surabonde dans un autre : alors l’offre et la demande ne peuvent s’équilibrer sans une grande dépense de transport. Au contraire, le prix du transport de l’or ou de l’argent de Londres à Paris, y compris l’assurance, n’est que de quatre dixièmes pour cent ; et entre les parties du monde les plus éloignées, il ne dépasse pas deux ou trois pour cent.

De même que les substances peuvent manquer de valeur, elles peuvent en avoir trop, de sorte que pour les transactions ordinaires il serait nécessaire d’avoir recours au microscope ou à des instruments de précision. Les diamants