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supposer qu’un établissement unique, tel que la Banque d’Angleterre, qui elle-même dépasse à peine en importance quelques-unes des grandes banques de Londres, puisse étayer tout l’édifice du commerce anglais.

Il n’y a qu’une mesure qui puisse rendre la stabilité au marché de Londres, ou l’empêcher de devenir de plus en plus faible ; c’est d’assurer par quelque moyen l’existence de réserves plus satisfaisantes, soit en espèces réelles, soit en billets de la Banque d’Angleterre représentant des espèces déposées dans ses caves. Toutefois, il y aurait peu d’avantage pour certaines banques à montrer plus de prudence et d’abnégation, tandis que d’autres continueraient à exploiter leurs ressources dans toute la mesure du possible, et dépasse» raient le taux des dividendes que peuvent payer les banques plus prudentes. Il faut donc, à ce qu’il semble, une action combinée, quelque chose de semblable à ce qui a été proposé pour les banquiers de Londres.

Comme la Banque d’Angleterre ne paye aucun intérêt sur les huit millions de dépôts qu’elle a gardés en moyenne, dans ces quatre dernières années, pour les banquiers de Londres, il semble qu’il n’y a pas de raison suffisante pour qu’elle soit autorisée à tirer profit d’une somme si considérable. Si cette somme était conservée par un comité des banques déposantes, elle ne serait pas moins en sûreté, elle serait à peine moins disponible, et de plus elle pourrait, si on l’employait en partie à acheter des effets publics, donner un profit aux dépositaires. On dira peut-être : pourquoi chaque banque ne garderait-elle pas sa propre réserve dans ses propres caves ? Mais alors rien n’empêcherait certaines banques de tenir leurs réserves à un niveau excessivement bas, et de compter, pour les moments difficiles, sur une aide étrangère.

J’aurais cependant une objection à faire au projet tel qu’il a été exposé : je voudrais qu’on ne fût autorisé a constituer aucune partie de la dernière réserve avec des effets publics. Lorsque le capital prètable est très-rare, un stock de ce genre ne peut être converti en lingots réels que par des ventes forcées qui déprécient la rente, ébranlent la confiance publique et absorbent l’argent versé par quelque autre canal