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pas remboursables du tout, et parce que l’intérêt en est payé a des époques déterminées. De telles obligations représentent des placements à fonds perdus dans des entreprises permanentes, et sont conservées, par conséquent, comme propriété par les particuliers. Elles peuvent être achetées ou vendues contre de la monnaie ; mais elles ne sont pas une monnaie elles-mêmes. Elles nécessitent, plutôt qu’elles ne remplacent, l’usage de la monnaie, puisqu’on a dû faire un paiement en monnaie lors du premier placement, et que l’on continue à faire, aux époques fixées, d’autres paiements périodiques, aussi en monnaie.

On a vu parfois des faiseurs de projets émettre cette idée que nous devrions avoir, outre notre circulation ordinaire, un numéraire produisant intérêts. Les premiers assignats français qui furent émis, et qui représentaient une somme peu considérable, produisaient intérêt. Le gouvernement des États-Unis tenta, il y a douze ans, une expérience semblable, à laquelle il renonça bientôt. On a proposé de transformer en monnaie toute la dette anglaise, de sorte qu’au lieu de quatre milliards de numéraire, métallique ou en papier, l’Angleterre en aurait près de vingt-cinq milliards. M. E. Hill a publié un modèle de billet de banque qui donna au porteur le droit de toucher cent livres sterling (2,500 fr.) à présentation, et un intérêt de 3 1/3 pour cent jusqu’au moment où le billet est présenté ; un tableau inscrit sur le billet indique le montant de l’intérêt. Mais il est évidemment impossible qu’un gouvernement émette de pareils billets. En effet, toutes les fois que le taux courant de l’intérêt s’élèverait au-de3sus de 3 1/3, et que, par conséquent, la valeur du billet serait au-dessous du pair, on aurait avantage à le présenter pour en toucher le montant. Le gouvernement qui émettrait ces billets serait donc obligé, pour les acquitter, de tenir en réserve une quantité considérable d’espèces, et de payer en même temps un intérêt pour la totalité des billets. Il y aurait une perte d’intérêts sur toute la réserve en espèces.

Le gouvernement anglais a rendu la dette nationale aussi transférable que possible en autorisant, aux termes de la loi (Actes 33 et 34 de Victoria, chap. 71) l’émission de Certificats de rentes (stock certificates). Ces Certificats ressemblent