2O L’impossibilité d’en faire varier le montant pour le mettre en accord avec les exigences du commerce.
À peine est-il nécessaire de raconter une fois de plus la vieille histoire de l’émission exagérée de papier-monnaie qui s’est presque toujours produite chaque fois qu’on a supprimé la nécessité légale de la convertibilité. Il n’y a guère de nation civilisée, si l’on excepte quelques-unes des colonies anglaises les plus récentes, qui n’ait souffert du fléau du papier-monnaie. La Russie a eu, pendant plus de cent ans, une circulation consistant en papier-monnaie déprécié, et l’on en peut lire l’histoire dans l’ouvrage de M. Wolowski sur les finances de la Russie. À plusieurs reprises des édits impériaux imposèrent des limites à l’émission ; mais elle reprenait de plus belle à la première guerre. L’Italie, l’Autriche et les États-Unis, pays où l’on pourrait supposer que les gouvernements sont guidés par la science économique la plus avancée, souffrent tous les inconvénients d’un papier. Dans l’histoire des premiers temps de la Nouvelle-Angleterre et dans celle des autres États qui font maintenant partie de l’Union américaine, nous voyons sans cesse des émissions nouvelles de papier-monnaie entasser de nouvelles ruines. On trouvera des détails complets dans le livre nouveau et intéressant du professeur Sumner « History of American Currency ». Quelques-uns des politiques les plus illustres ont signalé ces résultats, et l’on ne devrait jamais oublier l’opinion de Webster à ce sujet. Il dit du papier monnaie : « Il nous a fait plus de mal que toute autre calamité. Il nous a tué plus d’hommes, il a plus contribué à corrompre et à troubler les intérêts les plus chers de notre pays, il a occasionné plus d’injustices que les armes et les artifices de nos ennemis. »
L’émission d’un papier-monnaie non convertible a souvent été recommandée, ainsi que le fait remarquer le professeur Sumner, comme un moyen commode de faire au peuple un emprunt forcé, lorsque les finances d’un gouvernement sont dans une situation désespérée : il est fort vrai qu’on peut