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l’Allemagne et de la Scandinavie, ainsi que par les alliés monétaires de la France. Quant à ceux qui reprochent au mil d’être un sous-multiple trop faible, ils semblent oublier qu’il est 2 fois 1/2 aussi grand que le sous-multiple initial du système français, et 2 fois aussi grand que celui du nouveau système allemand.

Le second projet a été proposé par feu le professeur Graham, et par M. Rivers Wilson, dans leur rapport sur les opérations de la conférence monétaire internationale de 1867. Il est fondé sur ce fait que la pièce de dix francs vaut huit shellings moins les trois quarts d’un penny, et qu’il n’y a entre elle et cent pence anglais qu’une différence de 4 pour cent. Il suffirait donc d’établir une pièce d’or de dix francs, qui servirait provisoirement de monnaie conventionnelle avec la valeur de huit shellings, pour rattacher notre système au système français. Une réduction ultérieure de 4 pour cent sur la valeur du penny, et le remplacement du shelling par une pièce d’un franc ou de dix pence, nous donnerait un système vraiment décimal. Un des grands avantages de ce projet, c’est qu’il conserve, presque sans l’altérer, une pièce aussi familière que le penny, et qu’il fait de cette pièce ce qu’elle est la plupart du temps dès à présent, c’est-à-dire la plus basse monnaie de compte. De plus il s’accorde fort bien avec le système monétaire français. La difficulté principale c’est qu’il implique l’abandon de la livre, qui contiendrait ainsi deux fois et demi la nouvelle unité ; et que, de toutes nos monnaies actuelles, le florin, le penny et le demi-penny s’y ajusteraient seuls avec facilité. Pour convertir des sommes composées de livres sterling en unités de la nouvelle monnaie, il faudrait multiplier par le nombre 2 1/2, ce que beaucoup de gens regarderaient comme un procédé très-gênant.

Quand on proposa pour la première fois de ramener la monnaie anglaise au système décimal, l’idée d’une monnaie internationale n’avait jamais été bien sérieusement examinée ; à peine même l’avait-on conçue. On a maintenant fait de tels progrès en ce sens qu’il est impossible de considérer l’une des réformes indépendamment de l’autre. La difficulté d’accomplir un changement quelconque est si