Page:Jevons - La monnaie et le mécanisme de l’échange.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

présentent presque tous les titres, en parlant de ces limites jusqu’à un métal d’une pureté presque absolue. Les seules proportions qu’il soit utile de discuter à présent sont celles de 900 et de 835 sur 1000 qu’on propose d’adopter dans la monnaie internationale. Le gouvernement de Berlin songeait, il y a quelques années, à adopter comme monnaie typique une couronne composée de dix grammes d’or pur et d’un gramme d’alliage, ce qui donnerait un titre de 10/11 ou 909,09 sur 1000. Ce projet ne parait présenter aucun avantage, et on y a renoncé heureusement dans la monnaie allemande actuelle qui, soit pour l’argent soit pour l’or, est au titre de 900 sur 1000. Cette proportion décimale simple fut adoptée par les Français à l’époque de la Révolution ; elle s’est étendue aux pays qui appartiennent à la Convention Monétaire de 1865. ainsi qu’à l’Espagne, à la Grèce, et à d’autres pays qui ont plus ou moins imité le système français. Elle a été depuis longtemps consacrée par les États-Unis, et récemment on l’a introduite dans la monnaie d’or des états Scandinaves. Le gouvernement allemand ayant maintenant décidé de l’adopter, le titre décimal simple est établi dans tous les pays les plus civilisés, si nous exceptons l’Angleterre et quelques-unes de ses colonies, ainsi qu’un petit nombre de nations comme la Russie, le Portugal et la Turquie qui ont imité la monnaie anglaise et frappé de l’or à 916,66 millièmes de fin.

Au point de vue chimique et mécanique l’exactitude dans le titre de l’alliage n’a pas grande importance. La différence entre 11/12 et 9/10 n’est que de 1/60, et quoique les expériences souvent citées de Hatchett aient montré, dit-on, que le titre anglais avait quelques légers avantages sur le titre français, la différence est si petite et si contestable qu’elle ne fournit pas un motif bien sérieux de préférence. Le dernier directeur de la Monnaie anglaise, M. Th. Graham, était tout disposé à accepter le titre de 900/1000, pour l’or comme pour l’argent, et il n’y a réellement aucune raison, si ce n’est le préjugé et l’usage traditionnel, qui puisse empêcher l’Angleterre de l’adopter à son premier changement monétaire. L’uniformité dans la pratique des nations est avantageuse, sur ce point comme sur beaucoup d’autres, et les économis-