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leurs gages sous forme de nourriture et de logement ; les ouvriers agricoles peuvent recevoir une partie de leur paiement en cidre, en orge, ou on leur concède l’usage d’une pièce de terre. L’usage a toujours été de payer le meunier en lui laissant une partie du grain qu’il s’est chargé de moudre. Le système du truck, avec lequel on payait les ouvriers en nature, est à peine éteint dans quelques parties de l’Angleterre. Parfois des propriétaires dont les champs sont limitrophes échangent entre eux quelques pièces de terre ; mais tous ces cas sont relativement insignifiants. Presque toujours, dans les échanges, l’argent intervient de façon ou d’autre, et, même quand il ne passe pas de main en main, il n’en est pas moins la mesure dont on se sert pour estimer les valeurs données ou reçues. Le commerce commence par l’échange, et, dans un certain sens revient à l’échange ; mais, ainsi que nous le verrons, la dernière forme de l’échange est bien différente de la première. La plus grande part sans contredit des paiements commerciaux se fait aujourd’hui en Angleterre, en apparence du moins, sans l’aide d’espèces monnayées ; mais si ces affaires se concluent si aisément, c’est que l’argent y sert de commun dénominateur, et les achats opérés d’un côté sont balancés par les ventes qui se font de l’autre.