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Les Aventures Extraordinaires
de Deux Canayens

Par JULES JEHIN


I

COMMENT TITOINE PELQUIER CHERCHANT UNE SITUATION SOCIALE FIT LA RENCONTRE INATTENDUE DE SON VIEIL AMI BAPTISTE COURTEMANCHE.


C’est tout de même une singulière chose que l’existence, se disait Titoine Pelquier (Antoine Pelletier) en mettant les pieds sur le débarcadère du « Grand Central Terminal Station » à New-York.

Il promena tout d’abord un regard circulaire autour de lui, considéra la foule énorme qui l’environnait de toutes parts, et se laissant pousser par la cohue il parvint à une des portes donnant sur la quarante-deuxième rue.

Une fois sur le trottoir il jeta un œil indécis sur ce qui l’entourait, puis ne put s’empêcher d’admirer les flots de lumières étincelantes s’échappant des enseignes électriques, il considéra avec un intérêt mitigé de terreur le va-et-vient des automobiles et des tramways et se demanda comment il allait sortir de ce tumulte.

« Tout cela c’est bien beau, se disait-il, c’est comme on dirait en grand ce que l’on voit sur le boulevard St-Laurent. Mais il va me falloir trouver un hôtel. Je me suis laissé dire qu’à New-York il y en avait pour tous les goûts. Cependant il ne faut pas que j’oublie que ma bourse n’est pas illimitée, que mes économies, quoique grassouillettes, ne peuvent durer éternellement, et il me faut songer aux jours futurs. »

Se souvenant des conseils d’un ami qui, lui, avait vécu à New York, il avisa un agent de police et dans un anglais qui eût fait frémir un linguiste même indulgent, il lui demanda ce qu’il désirait.

Le policeman y mettant beaucoup de bonne volonté finit