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xxviij INTRODUCTION.

inférieur, et de laquelle chacun d’eux sembla sortir honorablement, il expose les différentes opinions émises sur ce fait, mais ne se prononce pas en faveur de l’un plutôt que de l’autre. Ainsi, en 1339*, les armées française et anglaise, après avoir été un certain temps en présence à Buironfosse, se retirèrent sans livrer bataille, s’attribuant réciproquement la victoire. Jean le Bel, au lieu de prendre parti pour l’un ou pour l’autre, expose les raisons pour lesquelles chaque adversaire s’attribue la victoire et laisse ensuite au lecteur, qui a entendu ces raisons, le soin de « donner l’onneur à la partie, laquelle, par raison et les faitz d’armes, avoir le doibt* ». Sa circonspection ne l’empêche pas cependant de blâmer certains faits ou certains traits de caractère quand il le juge à propos. Ayant vécu quelque temps au milieu des Anglais, il put remarquer combien ils étaient envieux. Il n’hésite donc pas à dire^ « que les Angles sont communément envieux sur tous estrangiers quant ilz sont à leur dessus, mesmement en leur pays », et plus loin « que envye ne fust onques morte en Angleterre* ». Le caractère léger des Français ne pouvait non plus lui échapper ; peut-être eut-il à en souffrir, car, parlant des défenseurs d’Auray¨, qui ne voulurent pas se rendre à Charles de Blois, « pour promesse qu’il sceut faire » , il ajoute cette réflexion : « Car François ont toudis promis et mal payé. » Si les Anglais sont envieux et les Français légers, les habitants de Bruxelles sont des orgueilleux et « ont toudis voulu estre les plus grands de Brabant^ ».

1. Ch. XXXII. 2. T. I, p. 165. 3. T. I, p. 17. 4. T. I, p. 36. 5. T. I, p. 312. 6. T. I, p. 210.