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présenté à l’Académie des belles-lettres depuis plus d’une année. Il n’existe donc, au fond, entre les deux alphabets, l’hiéroglyphique et le démotique, d’autre différence que la forme seule des signes, la valeur et les motifs mêmes de cette valeur demeurant les mêmes. J’ajouterai, enfin, que ces signes phonétiques populaires n’étant autre chose que des caractères hiératiques sans altération, il ne put forcément exister en Égypte que deux systèmes d’écritures phonétiques seulement ; 1o l’écriture hiéroglyphique phonétique, employée sur les grands monuments ; 2o l’écriture hiératico-démotique, celle des noms propres grecs du texte intermédiaire de Rosette et du papyrus démotique de la bibliothèque du Roi (Suprà, p. 4.), et que nous trouverons peut-être un jour employée à transcrire le nom de quelque souverain grec ou romain dans des rouleaux de papyrus en écriture hiératique.

L’écriture phonétique fut donc en usage dans toutes les classes de la nation égyptienne, et elles l’employèrent long-temps comme un auxiliaire obligé des trois méthodes idéographiques. Lorsque, par l’effet de sa conversion au christianisme, le peuple égyptien reçut de ses apôtres l’écriture alphabétique grecque, obligé dès-lors d’écrire tous les mots de sa langue maternelle avec ce nouvel alphabet dont l’adoption l’isola pour toujours de la religion, de l’histoire et des institutions de ses ancêtres, tous les monuments étant, par ce fait, devenus muets pour ces néophites et pour leurs descendants, ces Égyptiens conservèrent toutefois quelque habitude de leur ancienne écriture phonétique ; et nous remarquons,