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11o La lecture de ce nom ne peut vous offrir aucun doute en elle-même ; elle deviendrait certaine, d’ailleurs, s’il pouvait en exister aucun, par le fait seul que le nom de l’impératrice Sabine, épouse d’Hadrien, se trouve aussi écrit en hiéroglyphes phonétiques sur le même obélisque. La première face de ce monolithe contient, en effet, une série de signes idéographiques, exprimant les idées : pareillement son épouse, grandement chérie. Cette série[1] est suivie de deux cartouches ; le premier contient en toutes lettres, le nom de l’impératrice, ΣΑΒΗΝΑ[2], suivi des signes idéographiques du genre féminin, comme le sont les noms des reines Bérénice et Cléopâtre, et du titre encore idéographique déesse vivante, forte ou victorieuse ; le second cartouche qui suit immédiatement, renferme en écriture phonétique, le titre de Σεβαση (Auguste), orthographié ΣΒΣΤΗ[3], et accompagné de la légende idéographique déesse toujours vivante. Vous remarquerez sans doute aussi, monsieur, que les deux cartouches relatifs à l’impératrice étant réunis, produisent la légende Σαβινα ou Σαβεινα σεβαση, qui est justement la seule que portent toutes les médailles grecques de la femme d’Hadrien, frappées en Égypte.

12o Je terminerai cette collection des noms hiéroglyphiques par celui du prince qui mérita si bien à-la-fois et des lettres et de l’humanité ; je veux parler du pieux Antonin, dont le nom se lit à plusieurs reprises

  1. Voyez ma Planche III, no 77.
  2. Idem a.
  3. Planche III, no 77 b. et 79.