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HISTOIRE SOCIALISTE

que la France prétende légiférer souverainement sur l’état des personnes dans les îles : si les droits de l’homme exigent que l’homme de couleur ait les mêmes droits politiques que le blanc, s’ils exigent que l’esclave soit affranchi, les droits de l’homme ne compteront pas pour les colonies ; car les colons n’entendent pas être ruinés, et il n’y a pas de droit contre le droit à la vie. Ils ne se bornaient pas à cette thèse audacieuse. Ils s’organisaient. Nous avons déjà vu la fondation de l’hôtel Massiac.


Moi, libre aussi.
(D’après une estampe du Musée Carnavalet.)


Mais de plus, défense était faite à tous les colons de ramener aux Antilles les esclaves qu’ils avaient amenés en France : car ils porteraient dans les îles des semences perverses. Et il y avait des sanctions terribles contre les colons imprudents ou généreux qui manquaient à cette règle : ils étaient mis au ban de la société coloniale : et comme l’un d’eux était suspect de vouloir affranchir ses esclaves, ses bâtiments ruraux, sa demeure même ne tardèrent pas à flamber. En même temps les colons se donnaient spontanément, et sans attendre la loi de l’Assemblée, une constitution à leur mesure. Nous verrons plus tard que ce qui caractérisa la Vendée, ce fut un prodigieux esprit d’égoïsme et de localité. Les Vendéens voulurent s’approprier tous les bienfaits de la Révolution et en rejeter les charges : ils voulurent l’adapter à l’étroitesse des intérêts locaux et particuliers.

liv. 71. ― histoire socialiste.
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