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MOISSON DE SOUVENIRS

Et s’adressant à mes compagnes :

— Vous trouvez-vous si à plaindre, vous autres, avec mère Sainte-Sabine ?

Sincère ou non, la réponse fut spontanée et couvrit toute la superficie de la classe :

— Oh ! non, mère.

Plus gravement, mère Sainte-Sabine, conclut :

— Appliquez-vous comme vous avez fait jusqu’ici, Marcelle, et je vous donne ma parole que vous monterez de classe au Jour de l’an.

Je redoutais fort le prochain parloir et les sarcasmes probables de grand’mère à propos de mon échec ; d’autant plus qu’Amanda ne serait pas avec moi. Mais au contraire, grand’mère parut à peine surprise, contente peut-être, et elle me fit l’éloge de mère Sainte-Sabine. Elle se montra très bonne, ce jour-là, très douce. Grand’mère avait-elle de particulières pitiés pour ceux qui souffrent d’humiliation ?

Parrain et marraine venaient aussi souvent, me rendre visite avec Camille et ils m’apportaient toujours quelque cadeau ; des bonbons ordinairement. Mais ce que je prisais davantage, sans aucun doute, c’étaient des nouvelles de Jean. Je n’avais pu l’atteindre, le jour de la rentrée et à y réfléchir, je trouvais que nous nous voyions bien peu souvent ; ce n’était pas la peine, alors, d’être cousins et de si bien s’entendre. Par bonheur, mes études m’absorbaient joliment, et puis, les quatre premiers mois de l’année passent vite et puis encore, je l’entendais chanter à l’église. Ô les pures joies d’alors ! On eût dit que la jeune voix étonnante allait se perdre sous les voûtes, mais ce