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ADOLESCENCE

VI


Nous arrivâmes en parfaites étrangères à ce couvent de Maricourt, beaucoup plus considérable, je l’ai dit, que celui de Saint-Claude. Plusieurs compagnes avaient émigré comme nous, mais pas une seule de nos maîtresses. Les élèves y étaient nombreuses, la discipline sévère et je m’y plus dès l’arrivée. Il en fut tout autrement pour ma pauvre grande sœur qui se désespérait. En décembre, n’y tenant plus, elle réunit tous nos fonds et sans avoir prévenu chez nous, elle partit pour Lowell, guérie du couvent.

On m’avait placée dans la première division de la dernière classe, en me prévenant que je serais préparée à ma première communion ; mais les exercices ne commencèrent qu’un peu après les vacances d’hiver. Ces vacances avaient été très calmes pour nous : nous n’avions pas bougé de Saint-Claude, mon oncle Ambroise et sa famille étant en voyage aux États-Unis où ils possédaient plusieurs parents. En réintégrant le couvent, je n’avais vraiment qu’une préoccupation : me bien préparer à recevoir Notre-Seigneur pour la première fois.

Mère Saint-Robert, notre maîtresse, fut spécialement chargée des préparantes. Nous n’étions que deux de cette catégorie, dans sa classe ; une petite