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CONTES D’HIER

mère. En quoi souffrirait-elle de votre changement de situation ? Nous la garderions près de nous avec votre incomparable tante Julie et vous ne cesseriez pas d’être à elle, comme par le passé ; de plus, il me semble que je ne serais pas un mauvais fils ».

En l’entendant parler de la sorte, je fus prise d’une grande douleur et d’une grande honte, qu’avivait le souvenir de mes lassitudes du matin, et de mes imaginations étourdies de tout à l’heure. Je ne pouvais croire qu’il eût parlé selon lui-même, et j’attendais toujours un autre mot où je pourrais le reconnaître. Devant mon silence et voyant la rougeur de mon front, un peu de sang envahit aussi son visage qu’il releva d’un mouvement dur : « En deux mots, dit-il, faites-moi connaître votre réponse, je vous en prie, et que ce soit fini ».

— « Il faut m’attendre, monsieur, ou m’abandonner, c’est là toute ma réponse et je crois que vous la connaissez depuis longtemps. » Cette réplique m’avait totalement échappé, je demeurai stupide de l’avoir prononcée, mais sans parvenir