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CONTES D’HIER

me hâtai de réparer le désordre de ma chambre, mais je m’attardai à ma toilette, et ce pour deux raisons : parce que c’est fête et puis parce que j’attends une visite. Depuis une dizaine de minutes, maman s’était remise à sommeiller. Pendant que je dormais, elle avait eu un commencement de crise, une bagatelle. Que j’ai hâte que le docteur la voie, j’ai idée qu’il sera surpris. Si elle allait guérir ? Franchement, je n’en serais pas étonnée. Quand je dis qu’elle se porte comme un charme !

Mes prévisions du matin étaient justes, car en entrant dans le boudoir, je l’aperçus rempli de rayons de soleil. Je m’assis au milieu d’eux avec ma robe claire et mes souliers vernis, n’ayant envie ni de lire, ni de parler, ni de rien : la joie que je possédais et celle qui allait venir me suffisaient.

Une bande de moineaux gris vint s’abattre sur les fils téléphoniques qui se balancèrent sous le poids de leurs corps minuscules. Des équipages qui passaient dans la rue répandaient une joyeuse sonnaille de grelots. Tante entra bientôt