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CONTES D’HIER

secret, pensa-t-elle ; pourquoi le lui dit-elle à lui, et pas à moi, sa mère ?… »

Un matin, Jeannine fit encore sa petite paresseuse, et ne voulut pas se lever. — « Je ne la quitterai pas », pensa la maman, qui devenait inquiète ; et, comme madame Challau allait justement sortir pour son marché, elle lui donna ordre d’avertir le médecin en passant.

— Je le ferai même en m’en allant, répondit la bonne dame qui était loin d’être rassurée, selon son habitude, afin qu’il soit ici plus tôt. Cinq minutes plus tard, la petite eut une faiblesse effrayante, elle devint pâle comme la cire, ses narines se pincèrent, de grosses gouttes de sueur perlèrent à son front : la pauvre mère comprit nettement que la fin approchait. Tout en lui donnant les soins d’urgence, elle appela d’une grande voix épouvantée :

— Loulou ! Viens vite mon Lou ! Le pauvre petit bonhomme accourut en trottinant, tenant encore d’une main, son petit âne gris qui branlait la tête. Sa mère l’assit au pied du lit. Jeannine était déjà mieux.

— Loulou, dit-elle, je m’en vais au ciel, tu sais ?