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CONTES D’HIER

me soumettre à votre décision, aveuglément. Ce sera fait. Comme mes parents vont se chagriner, Roberte ! Ils vous tenaient en singulière estime. Vous viendrez les voir souvent, n’est-ce pas ? Non ? Avec votre grand’mère… Qu’allez-vous devenir ? Si j’avais dû abandonner Alice, elle m’aurait trouvé fort méchant et se serait jetée dans les bras d’un autre…

L’air, fouetté par la pluie, commençait à fraîchir. La belle petite fête, que celle qui se donnait de l’autre côté ! L’homme du phonographe ayant fini toute sa chanson, on applaudit à pleines mains. En même temps, une brise légère souleva le rideau et vint jusqu’à grand’mère, dont elle caressa les cheveux blancs. Celle-ci s’éveilla aussitôt, et elle eut un mouvement en apercevant le visage défait de sa petite-fille. Roberte s’empressa de prendre les devants :

— Grand’mère, une mauvaise nouvelle. M. René s’en va…

— S’en va ?

— En voyage, maman.

Grand’mère fit signe : « Oui, oui, » avec sa tête.