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CONTES D’HIER

blir, et j’y songe sérieusement… Dites-moi, Roberte, qui je dois épouser… Vous ou l’autre ?

Un silence s’abattit. Le jeune homme sentit ses oreilles bourdonner avec fracas ; il n’osait remuer, ni même respirer. Mais bientôt, une voix douce vint rompre le charme mauvais :

— Comment est-elle ?

— Une petite brune, vive, fantasque, dit-il. Elle a poussé toute seule et s’en glorifie. D’une indépendance sans pareille, et si gaie, que dix pinsons ne la vaudraient pas. Elle a un grand nombre de gros défauts, et tout au fond de l’âme une candeur, une simplicité, un besoin d’être bien bonne, à faire pleurer. Oui vraiment !

— Alice Perrin ?

— Précisément, mademoiselle. Mais, un instant, s’il vous plaît. Ne décidez pas tout de suite. Je tiens à vous dire que je suis absolument libre : mon cœur est intact, et celle que vous me désignerez sera aimée incroyablement. L’autre, à mes yeux, sera morte et n’aura même jamais existé.

— Épousez Alice.