Page:Jarret - Contes d’hier, 1918.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
CONTES D’HIER

et monotone, comme s’il les eût lues dans un livre. On dépassa quelques maisons éclairées, les cheminées fumaient bien. — « Ils doivent être à préparer le souper », songea l’enfant. D’autres parurent qui restaient sombres et la petite se dit : — « C’est cela : ils trouvent qu’il est trop tôt pour allumer la lampe, et ils causent en attendant, assis en rond autour du feu. » Elle en vit ensuite une autre qui laissait voir par la lumière de sa fenêtre, un chemin de pas marqués dans la neige pâle et conduisant au puits, où un long vieillard voûté tirait de l’eau ; pour y voir clair il avait accroché sa lanterne à un bouton de sa veste. — « Si c’était ici chez nous, pensa la fillette, et que cet homme fût, par exemple, mon grand-père, je me serais enveloppé d’un châle et c’est moi qui tiendrais la lanterne. Le vieux serait content ! » La traîne à bâtons continuait de glisser sans bruit, avec des bonds faciles et de subits enfoncements aux cahots. Une autre maison se montra, tout au bord du chemin, où une grosse fillette épinglait un journal, en guise de store aux rideaux de mousseline trop claire. — « Je suppose qu’ils vont se mettre à table », se dit Annette…