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marianna.

à cette même plage, dans les neiges de ce rude hiver, commençait pour Mme de Belnave un nouvel amour. Quand elle eut bien pleuré, elle releva la tête, et elle trouva derrière elle le jeune Henri qui la regardait pleurer. Et peu à peu elle se laissa plaindre, elle se laissa aimer. Le printemps revint, qui disait en semant la verdure et les fleurs sur son passage : Me voilà ! Les deux jeunes gens prirent soudain leur volée aux premiers rayons du soleil comme fait l’alouette matinale. Cette année la vieille Bretagne n’avait jamais été si parée, ses arbres n’avaient jamais été si touffus, ses vieilles ruines plus pittoresques, et ainsi de villages en villages, de ruines en ruines, de châteaux en chaumières, Marianna usa sa douleur, le jeune homme aiguisa son amour. Histoire sans fin de la douleur et de l’amour !

Ainsi elle fut délivrée de son amour par l’amour d’abord, par l’orgueil ensuite. Tant que l’amour a été le plus fort dans une âme, cette âme s’est humiliée avec délices, elle s’est